Et quand elles le sont plus ou mieux, c’est souvent parce qu’elles sont liées à un notable (comme le montre l’acte de décès en août 1829 de, ) ou qu’elles sont seules (décès en 1830 de «, Mariam, vieille et aveugle, originaire de Jérusalem »). L’une de ces communautés est atypique, peu nombreuse et moins connue, celle des Arméniens d’Egypte. Elles révèlent un souci, dès le début du XIX. Que leur identité arménienne est très importante tout en étant à 100% égyptien. Leurs façons de se désigner révèlent les antagonismes. 25Pourtant, les Arméniens vivent, au début du xixe siècle, en deux groupes distincts, Arméniens apostoliques et Arméniens catholiques. Certaines années sont moins bien rédigées que d’autres, les énoncés de longueur variable. Enfin, trois catégories de personnes avant cette date ne bénéficient pas d’un traitement aussi exhaustif que les hommes : les femmes, les enfants et les étrangers au groupe. Dans le texte, ces éminents personnages disent qu'ils sont la 3ème génération des Arméniens d'Egypte. Les registres des baptêmes, mariages et décès des Arméniens d’Alexandrie sont toutefois demeurés à Alexandrie. Jabartî désignait les Arméniens comme chrétiens. Près de quarante minutes de vidéo en arabe de la TV égyptienne sur les Arméniens en Egypte
3 Anahit Ter Minassian n’hésite pas à parler d’une « véritable lutte des classes » dont elle expose la genèse et les mécanismes (1982, p. 453-455). Cette dernière est pendant tout le xixe siècle l’instance de validation des individus qui en dépendent. Jabartî meurt quelques années après, fin 1824 / début 1825. c'est-à-dire ici renvoyant à sa provenance géographique, à savoir les terres centrales de l’Empire. Les notables à la tête de la communauté à cette période -Yeghiazar amira, Boghos bey Youssouf(ian) ou Garabed agha Kalousd(ian)- exercent tous des fonctions éminentes auprès de Muhammad ‘Alî puis de ses successeurs. 20L’identification systématique par Jabartî des Arméniens aux chrétiens (quand ce n’est pas aux mécréants) prend donc tout son sens. Tout d’abord, les enfants ne sont jamais rapportés à leurs deux parents mais à leur seul père, comme sur le modèle suivant, en 1828, du baptême des « deux filles jumelles de Zadig, Héghiné et Dirouhi ». 14L’Égypte, province de l’Empire ottoman, reçoit au début du xixe siècle de nombreux immigrants, en nombre suffisant pour que Jabartî8, le célèbre historien et chroniqueur égyptien s’en émeuve : « À cette époque 1820, le problème du logement devint de plus en plus pénible au Caire, qui devint trop petit pour ses habitants, du fait qu’il y avait beaucoup de maisons en ruines et que les étrangers affluaient, surtout les gens qui n’étaient pas de notre religion. siècle, et, de ce fait même, l’élite dirigeante des Arméniens. Au nom de Dieu tout puissant, je soussigné Grégoire d’Elie connu chez les indigènes sous le nom de Karkour Eghia et chez les Arméniens de Krikor Yeghiayan … ». , d’un niveau de langue soutenu ainsi que d’une notation précise des actes religieux. D’autres critères, comme la sujétion (hebadagoutioun), terme ancien que les Arméniens continuent à employer pour qualifier la soumission du sujet d’empire alors que la nationalité ottomane est fondée en 1869, seront ajoutés à la toute fin du xixe siècle, ce qui ne doit probablement rien au hasard, dans une période d’émergence de l’identité nationale égyptienne et de début de la formalisation de ce que sera la nationalité. En l’absence d’un nom de famille, l’individu était identifié par la combinaison d’éléments qui s’ajoutaient à son nom : le lien avec d’autres personnes - membres de la même famille, amis, relations de travail-, certaines pratiques comme le pèlerinage à Jérusalem, le titre d’usage, donc le statut social. La procédure d’identification peut également opérer des raccourcis dans la filiation, comme dans l’énoncé suivant « le petit-fils de Ebirchoumdji Hovhannès est mort le 17 août 1833 ». D’un autre côté, l’administration des Arméniens est rationalisée à l’échelle de l’Empire, comme on le voit dans l’article 13 du titre II, intitulé « Greffe du Patriarcat ». On trouve surtout des Coptes, des Grecques (, Qu’on retrouve à l’identique, mais dans des langues différentes, aussi bien chez Jabartî que dans l, Parmi ces étrangers au groupe se trouvent aussi les esclaves, très majoritairement des femmes, distinguées selon les catégories en usage à l’époque, Le processus d’élaboration de l’identité des individus, chez les Arméniens d’Égypte au, Bref, l’individu est saisi pour lui-même, mis à distance de sa communauté de vie. Ce sont eux qui sont maintenant les hommes importants ; ils occupent de hautes positions, ils portent les vêtements qui conviennent aux grands, ils montent les plus beaux mulets et chevaux ; devant eux et derrière eux, marchent des esclaves et des serviteurs qui, le bâton à la main, chassent les gens pour leur frayer le passage. Le Royaume arménien de Cilicie a par ailleurs été annexé par l’Egypte mamelouk au XIVème siècle et des marchands arméniens se sont ainsi installés en Egypte. On remarque cependant, malgré la rareté des informations les concernant, qu’elles effectuent également le pèlerinage à Jérusalem, qu’elles portent des titres honorifiques spécifiques comme ceux de khatoun ou doudou, souvent en lien avec la situation sociale de leur père ou époux. La séparation des pouvoirs s’y applique de la même manière : « l’évêque diocésain est le Président avec pouvoir exécutif du conseil provincial. D’une certaine manière, les catholiques. 27Et ce ne sont pas seulement les différences entre eux que les Arméniens savent précisément identifier, mais celles qui existent à l’intérieur de l’ensemble des chrétiens. Le fils de Haroutioun, frère de Garabed agha de Van, est appelé fils « abyssin » de Haroutioun, lors de son décès en avril 1835, en pleine période de peste. Deux Conseils, nettement séparés, se partagent désormais la gestion communautaire, l’un religieux, l’autre civil. On s’aperçoit, en effet, à la lecture des registres des différentes communautés, que pendant tout le, Ce nom lui vient peut-être de la rue qu’il habite, Amin Kiachif, dont les, Toutefois, l’identification ne vient pas que de l’extérieur, de l’autre. La distinction principale apparaît entre catholiques et « orthodoxes ». 11 mukhâlifîn li-l- milla (Jabartî, 1997, 1477). En même temps qu’il permet de constater, à l’intérieur de la communauté, la force de l’origine géographique et les liens qu’elle entraîne. C’est surtout à cet enregistrement depuis le début du xixe siècle que se consacre l’article pour observer quelles étaient, en l’absence d’un cadre imposé, les procédures d’identification. On y parle aussi du c. Armenian Community of Egypt in 1970-1981. On peut même s’étonner de la poursuite de l’enregistrement des décès, en plein pic de l’épidémie, en avril 1835. d’après la transcription en caractères arméniens, terme dont l’origine apparaît clairement italienne mais qui fait partie du vocabulaire des dictionnaires turcs de l’époque comme celui de D. Kélékian et dont il est dit qu’il s’emploie pour désigner les hôpitaux des communautés non-musulmanes, p. 74 de la version de 1911. Il arrive même que l’on ne connaisse pas son nom alors que l’on connaît son origine géographique, ce qui montre l’importance que les individus accordent, en période d’immigration, à l’origine géographique. Sur sa pierre tombale, Yéghiazar amira fait graver qu’il est « venu en cette ville par la grâce du Prince ». C’est très exactement de l’année 1864 que l’on peut dater le début de l’élaboration d’un état civil moderne dans la communauté arménienne d’Égypte, du moins chez les Arméniens apostoliques qui constituent alors la majeure partie des Arméniens. Catalogue of 546 journals. Il arrive même que l’on ne connaisse pas son nom alors que l’on connaît son origine géographique, ce qui montre l’importance que les individus accordent, en période d’immigration, à l’origine géographique. J’examinerai ces questions de part et d’autre de l’année 1864 qui marque, du point de vue des procédures employées, une rupture nette avec la période qui précède. La première appellation renvoie généralement à un contexte où le registre de langue est plus soutenu, tandis que la seconde se rencontre dans les documents plus courants comme les registres de baptême, mariage et sépulture avant 1864. Car, bien que les individus demeurent inscrits ou enregistrés à l’occasion d’actes religieux, baptême, mariage ou sépulture, la date de naissance ou celle du décès est désormais régulièrement notée. 1 Les archives centrales des Arméniens se trouvent à la prélature des Arméniens d’Égypte, située au Caire. 13Le nouvel enregistrement des individus se démarque radicalement de ce qui existait auparavant. Le scribe va à la ligne pour chaque nouvelle personne. Il arrive très souvent que les femmes ne soient pas nommées, comme on le voit dans l’exemple précédent, alors que c’était très rare pour les hommes. 19 En 1827, par exemple, l’un des témoins du testament de Yéghiazar amira signe « Hampartsoum hadji Krikori ». L'Imam Mohamed Refat, dit que les arméniens tiennent une place particulière en Egypte par leur militantisme, et … Une triple transformation s’opère alors. Il existe alors peu de noms qui pourraient s’apparenter à des noms de famille. » qui engage ici l’individu, d’autant que ce lien se trouve renforcé par l’appartenance de l’individu à un groupe familial lui-même entièrement redevable de sa position sociale à Muhammad ‘Alî. Ce texte, approuvé par le pouvoir ottoman, porte sur la réorganisation administrative interne des Arméniens de l’Empire et sur l’équilibre des pouvoirs à l’intérieur de la communauté, entendue ici à l’échelle de l’Empire. L’origine servile de la mère ainsi que l’absence de mariage entre les parents entraînent parfois pour les enfants une forme de stigmatisation qui se lit précisément dans la dénomination qui sert à les identifier. 41Le pèlerinage effectué à Jérusalem est exprimé par un titre que porte l’individu, toujours placé devant son prénom, celui de mahdési18. Son nom, Garabed, malgré la déformation –Karâbît- subie lors de sa transcription en arabe sous la plume de Jabartî, le désigne vraisemblablement comme Arménien (Jabartî, 1997, p. 996). On trouve quelques occurrences, rares cependant, du terme, ne se confond pas avec l’origine géographique de Jérusalem qui est indiquée sous la forme, , comme on l’a vu plus haut avec l’exemple de, D’autres éléments personnels peuvent être notés, comme les surnoms, en turc (, Pour ceux qui n’habitent pas le quartier proche de l’église arménienne, situé au nord du quartier juif, à proximité du quartier franc, la mention du quartier est indiquée. Par ailleurs, l’organisation des instances centrales y est précisée, de même que celle des pouvoirs dans les provinces (dont l’Égypte fait alors partie). Même la langue devient plus « policée » : là où les rubriques étaient rédigées dans un arménien auquel se mêlaient des mots turcs, selon la nature des informations rapportées, tout devient uniformisé, dans un arménien plus soutenu. Most Armenians living in Egypt in the early nineteenth century are recent immigrants, and the community they belong to is the main autorithy which would validate their identity. De même, Krikor. Cependant, les enfants ainsi qualifiés portent le plus souvent des prénoms arméniens, quand ces prénoms sont indiqués, ce qui pourrait passer, au contraire, pour une forme d’intégration. Depuis le début du siècle, des luttes de pouvoir internes, remettent en cause, dans la capitale de l’empire, la mainmise du clergé soutenu par les, sur la gestion des affaires communautaires. parti travailler ailleurs ? Tout d’abord, les enfants ne sont jamais rapportés à leurs deux parents mais à leur seul père, comme sur le modèle suivant, en 1828, du baptême des « deux filles jumelles de Zadig, Héghiné et Dirouhi ». Comme le fait remarquer Gilbert Delanoue, « un des principaux griefs qu’il formule à l’encontre de Muhammad ‘Alî est de favoriser l’ascension sociale des chrétiens. Toutefois, contrairement aux femmes, les enfants sont presque toujours nommés, même les filles. Delanoue Gilbert, 1982, Politiques et moralistes musulmans dans l’Égypte du xixe siècle (1798-1882), Le Caire, IFAO. Certains d’entre eux ont une maison à la ville et une autre sur le bord du Nil pour se délasser. Ibrahim semble craindre la relation qui sera faite à son père de ce voyage, ce qui rend Nubar perplexe : « Je n’y comprenais rien, car, en vérité, j’avais beau chercher, je ne trouvais rien dans sa conduite ou dans le langage qu’il avait tenu en Europe qui fût de nature à offenser ou à indisposer son père. 22Cette dernière partie, fictive - car ce n’est pas Muhammad ‘Alî qui parle à Nubar mais Ibrahim qui imagine cet échange - révèle le poids, partagé par l’ensemble des protagonistes, des liens de l’allégeance. Pour les Arméniens nés en Égypte, adultes au moment de l’enregistrement, le scribe indique parfois la mention égyptien (, Le métier est très fréquemment indiqué. 1Au début du xixe siècle les Arméniens étaient dans leur grande majorité des immigrants récents en Égypte, présents surtout au Caire et dans une moindre mesure à Alexandrie. Certains prénoms, plus courants que d’autres (par exemple Hagop, Garabed, Boghos, Bedros), appellent impérativement un complément d’information pour que l’on ne confonde pas les individus les uns avec les autres. Trois métiers, que l’on pourrait d’ailleurs qualifier de métiers de minoritaires à l’époque, apparaissent prépondérants : ceux de tailleur (terzi), de changeur de monnaies (sarraf) qui recouvre en fait des réalités très variées, liées à la manipulation de l’argent, et d’orfèvre (vosgueritch). Installée surtout au Caire, elle devient vite minoritaire par rapport aux immigrants venus des terres centrales de l’Empire ottoman qui affluent de 1810 à 1830. Installée surtout au Caire, elle devient vite minoritaire par rapport aux immigrants venus des terres centrales de l’Empire ottoman qui affluent de 1810 à 1830. Une quarantaine d’années plus tard, en 1906, un Arménien se présente de la manière suivante, dans une copie en français de son testament : « Ceci est mon testament. 43Pour ceux qui n’habitent pas le quartier proche de l’église arménienne, situé au nord du quartier juif, à proximité du quartier franc, la mention du quartier est indiquée. Comment enregistrait-on les individus, comment les identifiait-on en l’absence d’un cadre aussi rigoureux que celui qui s’impose en 1864 ? Si elles sont bien inscrites dans les registres à l’occasion d’un fait relatif à leur personne –baptême, mariage, décès- la procédure d’identification les saisit indirectement, par leur lien à un homme, et c’est alors l’homme auquel elles se rapportent qui est décrit. Très peu d’individus en sont privés. 16 On peut même s’étonner de la poursuite de l’enregistrement des décès, en plein pic de l’épidémie, en avril 1835. A digital resources portal for the humanities and social sciences, Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, Appartenances communautaires et identités collectives, Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International. Certains d’entre eux ont une maison à la ville et une autre sur le bord du Nil pour se délasser. Et ce ne sont pas seulement les différences entre eux que les Arméniens savent précisément identifier, mais celles qui existent à l’intérieur de l’ensemble des chrétiens. Et c’est comme si l’appartenance à la microsociété arménienne se concentrait désormais tout entière dans la terminaison du nom en. Le quatrième concerne l’administration nationale des Provinces. Certains sont qualifiés de pauvres (aghkad), tel Hovhannès originaire de Van (vantsi aghkad Hovhannès), qui meurt en octobre 1827, voire même d’assistés (denangtsial) quand ils sont aidés financièrement par la communauté. Lorsque le plus grand notable arménien du début du xixe siècle, Yéghiazar amira, rédige son testament, en 1827, le prélat des Arméniens d’Égypte confirme, sur le document, l’identité du testateur ainsi que la véracité de son acte. Comment peut-on expliquer des changements aussi soudains ? Le titre d’agha désigne plutôt quelqu’un d’aisé dont la fortune provient d’un métier lié à la finance ou au commerce, tandis que celui d’efendi renvoie à une profession dans l’administration, parfois dans la haute administration. ), les trois types étant alors utilisées dans l’Empire ottoman. La mention d’un mariage, comme ce mariage d’une Arménienne avec un « capitaine franc », est rare. 11Il paraît donc probable que l’administration centrale de Constantinople ait fourni le modèle des nouveaux registres utilisés dès juillet 1864 chez les Arméniens (apostoliques) d’Égypte. 34À partir de 1826, les individus sont donc plus souvent et mieux décrits. Ce texte, approuvé par le pouvoir ottoman, porte sur la réorganisation administrative interne des Arméniens de l’Empire et sur l’équilibre des pouvoirs à l’intérieur de la communauté, entendue ici à l’échelle de l’Empire. 12 Archives des Franciscains de la Terre Sainte, paroisse du Mouski. À ce nom de baptême ou nom d’usage s’ajoute quasiment toujours, pour les migrants, un nom de relation formé par le nom du village ou de la ville d’origine terminé par une désinence en –tsi (de Van, ). Les femmes semblent plutôt se marier dans la communauté de leur mari. 5La première est matérielle. URL : http://journals.openedition.org/remmm/6617 ; DOI : https://doi.org/10.4000/remmm.6617. Les notables, quasiment tous des immigrants récents, font venir, en 1825, un prélat permanent du Patriarcat de Jérusalem, dont dépendaient les Arméniens d’Égypte, pour administrer les biens que le couvent de Jérusalem possède en Égypte et dispenser les sacrements à la population dont il est dit alors qu’elle a beaucoup augmenté. 2Toutefois, il est une institution où il semblerait qu’on puisse les trouver décrits de manière plus stable : leur communauté. Une triple transformation s’opère alors. Ce suffixe –ian, qui indique « l’appartenance à une catégorie d’hommes (famille, race, religion, secte, etc.) De plus, l’absence de nom de famille ne permet pas toujours de reconstituer des généalogies fiables. Il existait déjà, depuis le début du, La deuxième transformation consiste dans l’inscription systématique d’un nom de famille, terminé en –ian. De nouveaux registres sont adoptés. De même, en 1864, on apprend que « Monsieur Simeon, originaire de Tokat, qui est Emin Kiachif, est mort à l’âge d’environ 90 ans ». 37Le premier de ces critères est le (pré)nom, généralement de baptême encore qu’il puisse s’agir d’un nom d’usage comme on l’a vu plus haut avec l’exemple d’Emin Kiachef. Le titre de baron (monsieur) semble plus neutre et renvoyer à une considération sociale plus générale. Il paraît donc probable que l’administration centrale de Constantinople ait fourni le modèle des nouveaux registres utilisés dès juillet 1864 chez les Arméniens (apostoliques) d’Égypte. Mais le grand moment de la communauté arménienne d’Egypte commence avec la modernisation du pays au XIXème siècle par le Vice Roi Mehmet Ali. De même, la rue où se trouve l’église arménienne, Ḥârat Zuwayla, se transforme-t-elle dans leurs documents en haret zevélé, les Arméniens écrivant (et prononçant) v le wâw égyptien, comme les Turcs. Il devient le premier Premier Ministre d’Egypte, et est le premier chrétien à obtenir le titre de pacha. Ter Minassian Anahit, 1982, « L’Arménie et l’éveil des nationalités (1800-1914) » in Gérard Dédéyan (dir. Les Arméniens catholiques, qui s’appellent de manière officielle sur leurs registres, au cours du, , nomment les Arméniens apostoliques Arméniens d’Etchmiadzine (, , en 1865). C’est ce (…) bureau qui, pour les voyageurs, les affaires privées, les naissances, mariages et décès, délivre les pièces et les certificats légalisés ». Plus que de surnom, on pourrait parler ici de nom d’usage. On trouve quelques occurrences, rares cependant, du terme hadji19. C’est la première grande vague de migration. Le modèle mis en place survit au départ du prélat Guiragos en février 1835 et reste en usage jusqu’en 1864. Toutefois, dès le début du, siècle les Arméniens ne forment pas une seule communauté mais deux, apostolique et catholique. Les migrants s’adaptent à leur environnement et en quelque sorte se traduisent. C’est bien plutôt le lien personnel, « n’es-tu pas à moi ? malade ? L’inscription des baptêmes est distinguée de celle des mariages et des sépultures, quoique tous soient rassemblés dans un même registre. Les Arméniens d’Égypte, au tout début du xixe, sont dans leur grande majorité des migrants (80%) qui parlent le turc ou l’arménien, très peu l’arabe (à part les Arméniens nés en Égypte). Ces différents éléments se présentent sous la forme d’un énoncé plus ou moins long. parti travailler ailleurs ? 29La présentation de soi est donc loin d’être figée, elle s’adapte à l’interlocuteur, elle intériorise en quelque sorte son code, sa langue, et ce, dès l’énoncé d’un élément aussi simple que le nom. Il est possible qu’il s’agisse du même enfant que celui qui avait été baptisé en mars 1832 sous le nom de Zanazan, toujours d’après son lien avec son grand-père. On remarque cependant, malgré la rareté des informations les concernant, qu’elles effectuent également le pèlerinage à Jérusalem, qu’elles portent des titres honorifiques spécifiques comme ceux de. 12Tous les individus, hommes, femmes et enfants, sont donc saisis de manière homogène. Cette dernière partie, fictive - car ce n’est pas Muhammad ‘Alî qui parle à Nubar mais Ibrahim qui imagine cet échange - révèle le poids, partagé par l’ensemble des protagonistes, des liens de l’allégeance. Le scribe va à la ligne pour chaque nouvelle personne. Et ce, avant même la reconnaissance du, catholique en 1831. Dès l'été 1914, les dirigeants jeunes-turcs demandent aux notables arméniens de Van et d'Erzurum d'organiser une révolte des Arméniens contre les Russes, formulée notamment lors du huitième congrès de la Fédération révolutionnaire arménienne (ou FRA). Ils prennent pour épouses des esclaves blanches et des esclaves abyssiniennes. De même, le fait de prendre la peine de noter, lors du décès de quelqu’un, son emploi au service d’un tiers, nécessairement plus élevé sur le plan social, à l’intérieur de la communauté (en 1833, « mahdési Sahag originaire de Agn serviteur de mahdési Aleksan agha ») ou à l’extérieur de celle-ci (en 1832, « Monsieur Krikor qui était autrefois le cellérier d’Ibrahim pacha ») témoigne qu’une partie du prestige de l’employeur rejaillissait sur l’employé. La communauté arménienne monte alors à plusieurs dizaines de milliers d’individus, des églises et écoles arméniennes sont construites. C’est ce que montre par exemple l’acte de décès, en 1833, de la « fille de Fesdek et femme de mahdési Avedis d’Andrinople »20. 32On l’a dit plus haut, dès le début du xixe siècle, les Arméniens constituent deux communautés, Arméniens apostoliques et Arméniens catholiques, avant même la reconnaissance officielle par l’empire ottoman du millet catholique en 1831. Et ce, avant même la reconnaissance du millet catholique en 1831. Les Arméniens en Egypte à l'époque ayyoubide (prévu) Mamour Fatimi, Histoire des Arméniens d'Egypte sous le sultanant ayyoubide, Sion (Jérusalèm) X-XI 1929 pp.336-341, X 1930 pp.323-326, XI 1930 pp.348-349, XII 1930 pp.382-383; Les Arméniens en Egypte à l'époque des Mameloucks (prévu) Il ne se transmet pas. Ce n’est qu’à la toute fin du. 40Le métier est très fréquemment indiqué. 18 Ce titre est dérivé de muqqaddas, saint, nom donné à Jérusalem (Kaufhold, 1991). » et dont Frédéric Feydit explique qu’il « a servi à former la très grosse majorité des noms de famille » (1969, p. 240), on le voit littéralement s’imposer sous nos yeux à partir de 1864. On constate une très grande diversité de métiers, écrits en turc à l’exception de quelques-uns (liés aux fonctions religieuses ou bien le métier d’orfèvre).