Soit dit en passant, ces derniers avaient probablement eu vent, ou à tout le moins pressenti, l’intérêt, en leur faveur, des distinctions entre Allemands et non Allemands : selon un ancien PG, Horst Fusshöller, les prisonniers nouvellement autrichiens se distinguent ostensiblement, au cours des premiers mois de captivité, en 1945, de ceux qui étaient, il y a encore peu, leurs compatriotes. Il est difficile de procéder aux bilans précis de l’épisode de la détention des PG. (...) Puis un jour on a demandé à ceux qui étaient de l’Est de l’Allemagne s’ils voulaient aller à Wittemberg pour travailler dans les rues, avec promesse de démobilisation ensuite. Un interprète accompagnait le groupe. Parce qu’il manque des volontaires français, « il est souhaitable d’employer plutôt des PG »[réf. En 1949, l’économie retrouve enfin son niveau de 1929[10]. Eisenhower, en personne, atteste de cette haine, circonstanciée, de l’Allemand. Quoi qu’il en soit, à l’issue du contrat du travail, l’employé et l’employeur sont libres de conclure un CDI[415]. En Europe, l’idée même de la mise au travail massive de prisonniers allemands au service des économies nationales, fin 1944, semble trouver davantage son origine au sein de l’État-major allié qu’au sein du GPRF ou d’autres gouvernements nationaux. Selon Horst Fusshöller, la nourriture ne s’améliora « sensiblement qu’à partir d’octobre 1946. Ces « enclos » sont dressés dans la vallée du Rhin ou en Bavière. Toujours est-il que c’est ce système d’indemnité compensatrice qui permet de subvenir directement à l’entretien des centaines de milliers de PG. Avec ces mots : « toi avoir tué mon frère ! Pour ce qui est de l’hôpital régional dans le Nord (exclusivement réservé aux PG), il ouvre ses portes à Douai au début du mois de décembre 1945[191]. Certains d'entre eux seront cités dans cette section, notamment deux des plus sérieux : le différend opposant le ministre du travail à celui des finances sur la légitimité de l’indemnité compensatrice et le différend ayant opposé l’ensemble des ministres à celui de la Reconstruction, du Commerce et de l’industrie. Pourtant, il est indéniable que cette prise de conscience a marqué le début d’une amélioration des conditions de vie des prisonniers. S. P. Mackenzie, « The Shackling Crisis : A Case-Study in the Dynamics of Prisoner-of-War Diplomacy in the Second World War ». Il reconnaît néanmoins que les GIs pouvaient se montrer particulièrement intraitable avec certains prisonniers : parce qu’il avait volé ses camarades, un prisonnier allemand fut ainsi enfermé durant trente jours dans un « trou » creusé à même le sol, en guise de cellule d’isolement. L’employeur et ses deux employés étaient – fort heureusement – absents, mais par mesure de sécurité les deux PG sont transférés à leur camp de rattachement. Néanmoins, la politique d’intégration sociale menée, en Allemagne, auprès des sinistrés de guerre et le miracle économique de la nouvelle République Fédérale des années 1950, a probablement facilité la réinsertion d’un grand nombre d’anciens prisonniers. Rien ne justifiait, pour chacun d’entre eux, de conserver une cohésion de groupe. C’est en novembre 1946 que les autorités françaises décident de mettre en place le système dit des « travailleurs libres »[307]. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), 770623/85, Note de service du ministre des Forces armées, « Note de service – PG disponibles pour le travail », 18 décembre 1947. Le collaborationnisme semble d’ailleurs moins suivi. Ces deux lettres devaient aussi figurer sur la « coiffure », la chemise, le caleçon ou le maillot (à l’encre indélébile par exemple)[315]. Les premiers arrivages massifs ont lieu en juin. Échaudées par les conditions de détention des premiers prisonniers allemands en Afrique du Nord, par l’enchaînement de prisonniers au cours du raid de Dieppe et par des exécutions sommaires perpétrées au cours d’un autre raid allié, les autorités allemandes exigent de Londres, en 1943, des excuses, au motif du non-respect de la convention de Genève. Parmi les services dépendants de la Direction Générale des Prisonniers de Guerre, celui des gardes pose de nombreux problèmes en raison notamment du sous-effectif. En mai 1945, c’est un autre mouvement procommuniste qui se penche sur la question des PG : l’Union des Femmes françaises[151]. After viewing product detail pages, look here to find an easy way to navigate back to pages you are interested in. Un certain trait d’état d’esprit ressort des archives : aux yeux de certains Français, rien ne peut égaler la qualité du travail fourni par les prisonniers allemands. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Côte 770623/90, Courrier du ministre du travail au directeur de la main-d’œuvre, 5 décembre 1947. Il est par ailleurs à craindre que disparaissent avec les derniers témoins, un certain nombre de témoignages d’une valeur historique certaine. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), cote 770623/84, Courrier de réponse du général Buisson au Ministre du travail, 10 décembre 1948. Le chiffre est légèrement supérieur à celui fourni par la général Buisson, un chiffre qui n’incluait pas les indemnités perçues pour l’année 1945. Après plusieurs semaines de concertations, le Conseil des Ministres décide le 16 juillet 1947 que, si ces régions procéderont bien sans exception à la transformation en travailleurs libres de leurs PG optants, elles ne pourront en aucun cas les conserver, ceux-ci devant être déplacés « vers les départements de l’intérieur »[451]. En mai 1945, ce sont déjà 8 000 prisonniers de guerre qui travaillent dans le Nord, selon le ministère du Travail, et on envisage d’ores et déjà une affectation supplémentaire de 10 000 hommes[82]. Mais la haine anti-allemande est bien, dans les premiers temps, directement liée à la guerre. Archives départementales du Nord (Lille) (archive citée Grégory Philippe), 27W38361/1, note au commissaire de la République de Lille, 15 mars 1946. Au vu des chiffres cités dans la monographie éditée par les autorités ouest-allemandes en 1963, il est possible que le chiffre de Charles Klein soit légèrement sous-évalué[476]. Ils avaient en outre soustrait quelques cigarettes de leur ration pour le cadeau au responsable de chantier, et acquis quelques friandises pour Madame et ses enfants. (...) Quelques-uns moins abrutis que les autres ont constaté que les PG venant de France (...) ne leur ressemblaient pas, et que leur sort avait certainement été tout autre, contrairement à ce que la propagande soviétique avait répété ». Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), 770623/84, courrier du directeur de la main-d’œuvre étrangère (Ministère du Travail) au Ministère des affaires étrangères, 7 mai 1948. Le maire de la commune, qui était à l’origine de cette demande de PGA, participait aussi selon ses moyens, à l’entretien général. Le total des recettes se monte ainsi à près de 20 milliards [de francs]. To calculate the overall star rating and percentage breakdown by star, we don’t use a simple average. On en a transformés 20 000 ! 1947 et 1948 sont marquées par les libérations, des libérations qui s’opèrent par étapes. On entrevoit la possibilité de les loger à proximité des camps[81]. Le 19 septembre, le Figaro publie son article « Ne pas leur ressembler », le 29, Le Monde publie « Ne pas les imiter. Archives départementales du Nord (Lille) (archive citée Grégory Philippe), 27W38361/1, rapport au commissaire de la République de Lille, 15 janvier 1946. Le ministre autorise donc les autorités départementales à faire appel au concours de tous les médecins du département, voire à accepter de soumettre l’optant à des médecins choisis et rémunérés par son éventuel futur employeur. S. Cepuch, « The Public and the POWs: reaction to the release of German Prisoners of War for Agricultural labour ». Les jeunes percevaient un petit salaire et touchaient leurs cigarettes une fois par mois ». Parmi les derniers PG figurent des prisonniers condamnés pour des délits de droit commun. Un dossier contenant les documents relatifs à l’existence de ces très petites filières d’évasion montées par des travailleurs libres en 1947 et 1948 est consultable dans l’un des versements conservés aux archives nationales[205]. Le livre de Charles Klein[Lequel ?] There was a problem loading your book clubs. La réponse du père – en français – était également présente : le père y exprimait sa joie et sa plus profonde gratitude envers les autorités françaises. Du reste, si l’on en croit Jean-Pierre Rioux, le nouveau rapport des Français à la mémoire, advenu dans les années 1970 et 80 avec notamment la disparition des mémoires communiste et gaulliste – celles qui structuraient et encadraient la mémoire dans son ensemble[523] – ne saurait rendre ce contexte plus favorable. C’est la venue d’une délégation de la Croix-rouge qui lui permet d’être libéré. (...) Évidemment, on a cru ce qu’on nous avait dit et on chantait dans les camions qui nous emmenaient à la gare. En février 1948, le ministre des forces armées estime que les libérations se feront au rythme de 18 000 par mois entre le 1er avril et le 31 août 1948 et au rythme de 26 000 PG du 1er septembre au 30 novembre 1948[468]. En 1949, 40 % des 130 000 travailleurs libres, soit un peu plus de 50 000 hommes, n’ont pas « utilisé leur faculté de rentrer en Allemagne » au cours des premiers mois qui ont suivi la fin de leur contrat de travail d’un an. Les autorités ne manquent d’ailleurs pas d’informer directement le président du Comité international de la Croix-Rouge de cette nouvelle mesure. L’histoire est une pensée du passé et non une remémoration. Donner des ordres au général Buisson pour qu'il les retire. Par la même occasion, il est décidé, pour les PG devenus travailleurs libres, que seules seront appliquées aux salaires les retenues légales (taxe et imposition) applicables aux ouvriers étrangers. Au 1er octobre 1948, il ne reste plus que 57 0005 prisonniers allemands ; au 1er décembre, ils ne sont plus que 1 900[471]. Sans leur accord, le Travail libre, autrement dit la reconversion de prisonniers allemands en salariés étrangers sur la base du volontariat, n’aurait pu voir le jour. Sujet: Les équipements de combat du soldat Allemand 1939-1945 Dim 9 Mar - 15:48 Equipement individuel emporté au combat par le soldat allemand pendant la seconde Guerre mondiale, celui-ci est principalement composé d'équipement conçu au début de XXe siècle et ne subira que quelques cit., Archives nationales contemporaines de Fontainebleau – cote 770623/85, Note du ministre de la Défense nationale, « Situation de la main-d’œuvre prisonnière au 1/10/48 », 14 octobre 1948. Ainsi, fin 1945, à Dunkerque, on considère que malgré une « situation matérielle précaire et insuffisante », le moral des prisonniers est bon[337]. XIII, 1971) ne put connaître, outre-Rhin, qu’une distribution restreinte au moment de sa publication. (...) Cependant, il semble qu'ils aient travaillé 12 heures par jour, avec un seul dimanche de repos par mois. Quant aux ouvrages généraux consacrés à l’étude de la période, ils ne font que brièvement allusion à la présence de ces Allemands en France. Il est dès lors difficile de dresser un bilan économique fiable de la présence des PG dans la France de l'après-guerre. Le général aborde rapidement la question du bilan économique : « il est évidemment positif, puisqu’il est représenté par les centaines de milliers de travailleurs de PG qui ont fourni à la France des centaines de millions de journées de travail. C’est ainsi que les autorités redouteront des exactions massives contre les prisonniers le jour de la capitulation allemande. J.-F. Sirinelli, P. Gœtschel et B. Touchebœuf. Jusqu’en 1949, c’est le « centre des prisonniers allemands et rapatriés des Ländes de l’Allemagne occidentale » qui gère les problèmes généraux relatifs aux prisonniers de guerre allemands[489] ; l’État fédéral ne renaît qu’en 1949. Existe-t-il un point commun entre la vareuse impeccable et chamarre des photos de studio des permissionnaires du temps de paix et celle difforme et terne des interminables colonnes de prisonniers de la fin de guerre En regardant les innombrables photographies de soldatsde la Wehrmacht Heer prises entre 1935 et la dfaite de 1945, on peut raisonnablement se poser la question. Plus précisément, les 190 sous-officiers devant travailler le matin du 1er juillet 1946 refusent d’obéir aux ordres. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Côte 770623/85, Note de la direction générale de la Main-d’œuvre, Ministère du Travail, 6 novembre 1947. »[314]. Bien évidemment, la responsabilité de ce drame n’incombe pas aux seuls Américains. Aussi n’est-il pas surprenant que les prisonniers se soient-ils retrouvés massivement concentrés en province. En septembre, l’état de santé des nouveaux arrivants semble tout aussi lamentable. (…) Il est encore difficile de décrire l’incroyable, bien que sur la fin de ma vie j’ai pris un nécessaire recul. La France doit faire face à un vide démographique : on estime qu’il ne reste plus que 1,4 million d’étrangers à la Libération alors qu’il y en avait près de 3 millions avant-guerre. Avant sa dissolution en août 1945, elle publia 63 numéros de la revue Volk und Vaterland. Le projet vise d’abord à éviter que les 130 000 PG affectés au secteur agricole britannique soient rapatriés trop soudainement au risque de déstabiliser l’économie. Il reste qu’à l’étranger, la polémique prend de telles proportions que le général Juin, nommé à la tête de la Défense nationale de 1944 à 1947, se doit de répondre de ces attaques[177]. Toutefois, le 11 octobre 1945, la question de l’habillement des prisonniers est tranchée : l'habillement sera directement à la charge de la Direction Générale des Prisonniers de Guerre, autrement dit à la charge du ministère de la Guerre. Comme nous le verrons, les PG menaient une vie très différente en selon le secteur économique auquel ils étaient affectés. La manière dont se calcule l’indemnité est, précisément, la suivante[287] : À titre d’exemple, en décembre 1945, le salaire de comparaison avec un travailleur français était fixé de la sorte[288] : En cette même fin d’année 1945, les indemnités applicables aux PG travaillant pour le secteur public sont régies de la manière suivante[291] : Il existe de nombreuses spécificités propres à chaque secteur économique ou commando, mais par manque d’informations ou par manque de temps il n’est pas possible de dresser ici un inventaire complet. Précision importante, à l’instar du tableau de la page précédente, le graphique ne fait pas figurer les PG inactifs (ceux, entre autres, jugés inaptes stationnés en dépôt, ceux en transit vers un nouvel employeur, ceux en instance de libération ou de transformation de travailleur libre). Cette mesure s’explique probablement par le fait que les « travailleurs libres » étaient considérés comme des Allemands ayant fait le choix de ne pas participer au redressement économique allemand et qu’à ce titre, ils ne pouvaient plus bénéficier de la politique d’aide sociale. Se pose aussi le problème du déminage, une tâche qui incombe, elle aussi, au ministère de la Reconstruction. L’occupation, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par les forces de l’axe, l’émergence d’un nouveau monde bipolaire aux nouvelles menaces – les possibilités d’une guerre contre les Soviétiques et d’un conflit nucléaire – sont des faits parmi tant d’autres – tous d’une ampleur rarement égalée auparavant – qui marquent et marqueront à jamais les esprits des Français mais aussi ceux des Allemands.